TOP100 Startup Award 2015: La première place pour la meilleure lumière de L.E.S.S.

17.09.2015

Trois ans après sa fondation, le venture leader USA 2012, venture leader China 2014 et vainqueur en 2012 de la finale Venture Kick L.E.S.S. est à deux doigts d’aborder la production industrielle. La porte des marchés milliardaires est désormais ouverte.

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L.E.S.S. et leur nouvelle technologie d'éclairage (photo: Tina Sturzenegger)

L’avenir sera fait de moins de lumière LED et de plus de lumière L.E.S.S. Pour simplifier, c’est là l’objectif commercial de la start-up lausannoise.

Avec ses «Light Efficient SystemS», acronyme L.E.S.S., la jeune entreprise a développé une technologie d’éclairage entièrement nouvelle. A bien des égards, elle est nettement supérieure aux lampes LED qui avaient chassé du marché les bonnes vieilles ampoules à incandescence. Si elle devait s’imposer, il se pourrait qu’il en soit bientôt fini des lampes LED. «Notre but est de remplacer les LED par des L.E.S.S.», explique Yann Tissot, au siège de l’entreprise, dans le parc technologique de l’EPFL, à Ecublens. Cela paraît ambitieux. Seulement, vu les inconvénients des LED, il se peut que ça réussisse. Car les ampoules LED nécessitent pas mal de place et n’éclairent pas uniformément les surfaces. Et leur efficacité énergétique, quoique meilleure que celle des ampoules à incandescence, laisse à désirer: 60% du courant consommé se transforment en chaleur, pas en lumière.

L’alternative, que L.E.S.S. a développée, se base sur les travaux de diplôme de Yann Tissot et Simon Rivier, cofondateurs et directeurs de la R+D de la start-up. Le premier était doctorant en photonique, le second en optique non linéaire. Ils ont engendré la nouvelle technologie en unissant leurs travaux: des conducteurs d’ondes lumineuses sur une base de fibres de verre à nanostructure qui génèrent une lumière beaucoup plus forte et uniforme que les LED et nécessitant extrêmement peu de place.

Comment se représenter la chose? Yann Tissot compare les fibres à des tubes de néon, «plus fines qu’un cheveu et produisant une lumière plus claire et homogène». Il dépose sur la table un premier produit, un système d’éclairage en forme d’anneau de la taille d’une petite ampoule, dispose une pièce de monnaie au-dessous et demande: «L’ombre? Voyez-vous de l’ombre quelque part?» Et le fait est que la pièce de 2 francs sous l’anneau lumineux se laisse tourner et retourner à l’envi sans qu’elle ne provoque ne fût-ce qu’une ombre d’ombre. Le nouveau prodige lumineux est donc inventé et il fonctionne.

Désormais, il doit encore être produit en série et commercialisé avec succès. Un gros défi pour une petite start-up qui concrétise désormais pas à pas le passage technologique aux applications pratiques et aux produits. Yann Tissot et Simon Rivier ont déjà trouvé des clients. Leur lumière L.E.S.S. est utilisée comme «lumière d’inspection » pour des contrôles de qualité en mécanique fine et en électronique. La lumière homogène permet à la traque aux défauts par microscope, caméra vidéo et logiciels spéciaux de fonctionner encore mieux.

Quelques manufactures suisses d’horlogerie misent déjà sur les nouvelles fibres lumineuses lausannoises. De même que certaines entreprises en Allemagne et au Japon, pour leurs contrôles de qualité dans l’industrie électronique, les techniques médicales et l’automobile. A vrai dire, L.E.S.S. ne sert ici que de fournisseur d’intégrateurs système sur un marché de niche. «Néanmoins, son volume est notablement plus grand que ce que nous imaginions dans un premier temps.»

Attention les yeux! Simon River (à g.) et Yann Tissot exploitent une technologie d’éclairage entièrement nouvelle.

Yann Tissot ne veut encore rien dire de précis d’un autre champ d’application très prometteur. Il s’agirait d’un gros mandat pour un constructeur automobile allemand. «Ce que je peux en dire pour l’heure, c’est que nos fibres lumineuses vont révolutionner d’importants composants de l’automobile», dévoile-t-il sur un ton mystérieux.

Le troisième champ d’application qui se dessine pour les fibres lumineuses est à coup sûr le plus lucratif et le plus prometteur. Là, il ne s’agit pas d’applications spéciales taillées sur mesure mais d’un marché de masse: on parle d’écrans, donc d’ordinateurs portables, de tablettes, de smartphones, etc. Il tombe sous le sens que si les LED actuellement utilisées pour le rétroéclairage – des dizaines par appareil – étaient remplacées par les fibres lumineuses «made in Lausanne », les écrans seraient meilleurs et plus durables grâce à une consommation moindre de courant. En outre, les fibres minuscules permettent de concevoir des écrans très plats et sans cadre.

 

Ce sont là des atouts qui inclinent à se demander pourquoi les grands fabricants d’affichages et de tablettes ne se sont pas précipités depuis longtemps à Lausanne. «Il ne suffit pas de présenter aux grands groupes quelques fibres et, au mieux, un prototype », modère Yann Tissot. Pour pouvoir établir le contact avec les gros clients potentiels, il faut des milliers d’unités L.E.S.S., ne serait-ce que pour les tests.

La start-up manquait jusqu’ici d’argent nécessaire. Désormais, tout change: au printemps 2015, L.E.S.S. a pu boucler avec succès un premier tour de table de plus de 3 millions de francs notamment grâce à venturelab.

«L’argent est investi pour mettre en place une première unité de production industrielle», révèle Yann Tissot. A cette fin, il faudra d’autres travaux de développement. Et le passage de l’artisanat à la production automatisée doit être réalisé bientôt. Si tout se déroule comme prévu, une première ligne de production fonctionnera d’ici à la fin de l’année. La production augmentera par étapes dans un local de 250 m2 récemment loué: l’année prochaine, 10 000 unités, 100 000 en 2017 et, finalement, au moins un million en 2018. Avec le temps, ce sera la course, «car nous faisons déjà face à une forte demande de fibres lumineuses, sans être en mesure de livrer.»

La course, Yann Tissot connaît, lui qui fut naguère nageur de compétition. Cette année déjà, des recettes à hauteur d’un million devraient être générées et L.E.S.S. pense atteindre le break-even au plus tard en 2017. Yann Tissot et Simon Rivier escomptent que, dans cinq ans, ils emploieront quelque 200 personnes et atteindront un chiffre d’affaires de quelques dizaines de millions. Si le siège de la société demeure à Lausanne, des bureaux sont prévus en Asie et aux Etats-Unis pour la commercialisation.

Le volume du marché primaire que vise L.E.S.S. est actuellement de plus de 12 milliards de francs.

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